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Blog d'auteur

Bienvenue. Après trois romans policiers, venez lire mon petit roman fantastique gratuit, L’Étrange monsieur Sergent...

L’Étrange monsieur Sergent (3) Le jour d'après

Cet été, retrouvez un roman fantastique inédit « L’Étrange monsieur Sergent ». Un homme ordinaire plongé au cœur d’aventures extraordinaires.

6 août 2016.

J’ai le temps de faire un peu le point, maintenant que je suis posé, mais que cette journée a été éprouvante !

Les météorologues avaient pronostiqué une canicule pour cet été. Jusqu’ici ils n’ont pas eu tort, ce matin il faisait déjà chaud comme la braise… J’ai fait rapidement un sac de fortune avec trois tee-shirts pour autant de paires de chaussettes et de slip. Les caleçons en été, ce n’est pas mon truc…

Deux heures de trajet en voiture ne m’ont jamais fait peur, même sur des routes piégeuses et tournantes. Cet endroit, c’est un peu le bout du monde. De nos jours, il faut du courage pour y vivre. Certes, lorsque l’on se trouve loin de la ville, cela peut nous préserver d’un bon nombre de maux actuels caractéristiques de la cité : pollution, incivilités, bruits…

À la sortie d’un village indiqué sur la carte, sans GPS (je n’en ai jamais réellement eu l’utilité jusqu’ici), j’ai dû me résoudre à demander à un des rares habitants présents mon chemin.

— Les Parisiens ? Oui, vous prenez tout droit pendant deux kilomètres. Ensuite, vous allez avoir un petit chemin sur la droite juste après le lieu dit « Malleval ». Après vous pouvez pas vous tromper, c’est un petit chemin, il vous mène directement à leur maison.

— Je vous remercie monsieur, dis-je en souriant par souci d’amabilité.

Je me suis retenu de lui dire qu’ils n’étaient pas parisiens, mais pour certains habitants reculés de nos belles provinces, tous ceux qui ne sont pas du cru se voient attribuer de ce qualificatif.

Au fond du chemin, une vieille bâtisse en pierre… J’approchai du but, suant à grosses gouttes. Il régnait une atmosphère étrangement calme. Je pris ma respiration et appuyai sur le bouton de la sonnette.

Une femme blonde m’ouvrit.

— Mme Barthe, je suis Jules Sergent, un ami de votre mari.

— Cela ne me dit rien, il est au travail aujourd’hui.

Je fus saisi d’effroi et ne pus articuler quoi que ce soit pendant quelques secondes. Mon hôte s’en aperçut.

— Vous avez l’air surpris, mais beaucoup de gens travaillent en semaine, vous savez…

Elle riait…

— Nous parlons bien de Colin ?

— Oui bien sûr, Colin travaille au village, avec le maire, sur un projet de station des eaux usées. Allez voir si vous le trouvez…

J’avais dû me figer quelques secondes, car elle remarqua mon embarras.

— Oui bien sûr, balbutiai-je. J’y vais de ce pas. Merci… Désolé du dérangement…

J’eus bien dû mal ensuite à ouvrir la poignée de la voiture, tourmenté, me demandant si je n’avais pas rêvé… Mais non, que s’était-il passé ? Je pris le parti de démarrer la voiture… Ensuite seulement, j’allais réfléchir…

J’éteignis le contact un kilomètre plus loin entre le village et l’habitation supposée des Barthe, à un endroit où le bas-côté le permettait. Je me rappelle m’être pris le visage entre les mains… C’était quoi cette histoire ? La femme de Colin Barthe avait-elle perdu la raison ou était-elle en train de nier la réalité ? Cela paraissait difficile, car aucune autre voiture n’était là, famille, amis pour soutenir la veuve… Alors que s’était-il passé ?

Je sortis de ma voiture pour respirer et marcher quelque peu. J’eus le temps de faire quelques mètres sur ce qui apparaissait comme un début de sentier de randonnée, lorsque mon attention fut attirée par un cabriolet rouge qui vrombit dans la ligne droite menant au village. À ma grande stupéfaction, celui-ci s’arrêta net devant moi. Une femme brune m’interpella :

— Montez s’il vous plaît, j’ai des révélations à vous faire.

— Quelles révélations ? Qui êtes-vous ?

— Ne discutez pas, c’est moi qui vous ai envoyé la lettre annonçant la mort de Colin.

— Et ma voiture ?

— Ne vous en faites pas, je vous ramènerai ici.

J’avais mille questions à poser, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle fit violemment demi-tour.

— Je vais tout vous expliquer. Il ne s’agit pas d’un canular, Colin Barthe est réellement six pieds sous terre.

— Sa femme dit que non !

— Ce n’est pas sa femme.

— Pardon !? Mais, pouvez-vous me dire alors qui est la personne à qui j’ai parlé tout à l’heure ?

— Il s’agit d’une remplaçante.

— Une remplaçante ?

— Pour faire bref, un robot humanoïde. Et Colin, lui aussi, a été remplacé…

— Mais c’est du délire ! Vous êtes complètement folle, il faut vous interner !

— Les Barthe travaillaient pour le gouvernement.

— Je ne vous crois pas une seule seconde !

Mon cœur tambourinait dans mes tempes. J’étais déboussolé.

— Je suis la meilleure amie de Marieke Barthe. Je l’ai connue plus jeune. C’était une brillante étudiante en biologie venue de Hollande. À la fin de ses études, elle n’a pas voulu retourner dans son pays, à priori pour des problèmes familiaux. Plus tard, faute de trouver un poste comme chercheuse, elle est entrée dans la police. C’est ce qu’elle m’a expliqué quand nous nous sommes retrouvées par hasard dans ce petit village. Un dimanche, j’allai chercher du pain. J’ai entendu mon prénom dans la rue. C’était elle, quelle joie j’ai ressentie ce jour-là ! Nous nous sommes vus ensuite régulièrement. Son mari aussi était policier. Un couple sans histoire. Un soir, alors que nous avions un peu bu, son mari partit aux toilettes. Elle m’avoua à demi-mot qu’elle travaillait pour les services secrets…

J’avoue qu’à ce moment-là cher lecteur, j’étais assez interloqué. Je ne savais pas trop comment réagir ni quoi penser face à ce flux d’informations et de révélations.

La voiture bifurqua à un croisement sur la droite. À l’écart d’une petite route étroite, le cabriolet s’arrêta devant une modeste maison.

— Colin est mort, je le sais de source sûre. Quant à Mariecke, elle est en danger, il faut m’aider, monsieur Sergent !

— Mais pourquoi moi ?

— J’ai besoin d’un athlète comme vous, monsieur Sergent, je connais votre passé de sportif. Vous et moi, on peut y arriver.

— Arriver à quoi ?

— À pénétrer dans leur antre, une carrière désaffectée, aux multiples anfractuosités. Rassurez-vous, je la connais mieux qu’eux, mon père travaillait à cet endroit et surtout en possédait les plans…

— Les lieux doivent être hyper sécurisés, on n’a aucune chance ! Et puis, comment savez-vous que j’ai été sportif de haut niveau, comment me connaissez-vous, d’où tenez-vous ces informations ?

— Du calme. Je n’ai pas droit de révéler à quiconque ce que je fais, mais sachez que j’ai besoin de vous et qu’aucun autre ne peut m’aider actuellement. J’étais amie avec Mariecke, mais j’étais aussi chargée de la surveiller. Elle était tenue par un service secret certes, mais pas de ce pays… Elle nous avait contactés quelques mois auparavant.

Je ne bougeais pas de mon siège. Je croyais que ma tête allait exploser devant cet afflux d’informations plus acadabrantesques les unes que les autres. Des robots, des espions… Cette femme était bonne à enfermer. Pourtant, elle n’avait pas l’air folle, une aussi jolie fille, quel gâchis !

— Allez sortez de cette voiture. Nous allons nous préparer. Au fait, mon prénom c’est Camille.

Elle me tendit gentiment la main. Je la lui serrai quelque peu troublé. Elle me fit rentrer.

— Vous avez déjà porté une arme ?

— Non…

— Tenez, un petit revolver. Ça pourra nous aider au cas où. Moi j’ai celui-là…

Elle écarta alors d’un revers de main sa jupe qui lui arrivait aux genoux et me montra fièrement son arme dissimulée sous l’une de ses cuisses… Je ne pus m’empêcher de rougir. Elle s’en aperçut.

— Les réjouissances, ce sera pour plus tard monsieur Sergent ! En attendant, je vais vous expliquer comment nous allons procéder.

Camille me montra le plan de la carrière, m’expliqua que ces installations dataient d’environ cinq ans et qu’il était vital que nous parvenions à libérer Mariecke. Elle détenait des informations capitales en ce qui concernait les remplaçants. Grâce à elle, le gouvernement français pourrait se débarrasser de la menace que constituait cette base totalement illégale. J’avais compris maintenant. Le « nous » de tout à l’heure conjugué au mot « gouvernement ». Camille était elle-même une agente secrète travaillant pour le compte de l’État…

 

À l’heure tardive où j’essaye de retranscrire fidèlement ce qui s’est passé, je me sens fatigué par cette incroyable journée. Cet hôtel n'est pas si mal après tout, le lit à l’air confortable. J’écrirai la suite demain matin.

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